jeudi 8 avril 2010

joues

Mes affaires ont été un peu tassées, se sont vues poussées dans des coins, sur les bords.
Elles sont accompagnées depuis hier de choses moins roses, moins douces, plus rugueuses et plus sombres souvent.
Je regarde ces petits dérangements se faire d'eux-même, sans se faire remarquer. Avec douceur, sans émerveillement, parce que c'est juste évident. C'est juste normal de l'avoir près de moi, juste. Ce n'est pas joyeux ou sensationnel, les gens sont presque déçus de ne pas me voir sauter au ciel.
Mais avant, ce n'était pas normal, avant j'avais peut-être un poids de moins quelque part sur moi. Le poids d'une main ou d'une cuisse qui ne m'accompagnait plus. J'avais un poids de trop ailleurs, qui plombait mes pas. Pas de danse, plus de danse, moins de tout ça.
Depuis hier, ça repart, nos gestes fluides qui s'évitent, s'agrippent, se rattrapent. Un, deux, trois, un, deux, trois. Tu es là, danseur. Tes mains sur mes hanches, tu les rends d'autant plus rondes, d'autant plus femme. Je regarde ma main sur ta joue, plus d'os et de veines qu'avant, moins de peau. J'espère que je la verrai vieillir sur ta joue. Geste habituel, mini-chorégraphie: je te caresse la joue, têtes penchées, la tienne la rejoint, la saisit, l'emporte à ta bouche. Un baiser. Sans regards, sans mots. Juste nos mini-chorégraphies qui n'appartiennent qu'à nous.
J'ai la main sur ta joue, je me sens mise en-joue.

2 commentaires:

meriem a dit…

je suis contente que tu sois contente

hors-champ a dit…

je serais bien tentée de te dire la même chose, mais ce serait un peu trop de contente non?
quoique, allez, si. Je suis contente que tu sois contente que je sois contente, et globalement qu'on soit contentes ensemble pour les même choses ou pour d'autres.