vendredi 31 juillet 2009

Des nouvelles, des images.






Nouvelles

Hier après-midi, après 10 longues heures de train, de sueur, de sommeil frustré, nous sommes arrivés à la fin du voyage. 
Un voyage peu dépaysant certes, nous n'avons fait que revisiter ensemble des chemins déja parcourus. Mais tout de même. Un voyage en notre "nous", pour savoir s'il se fatigue autant qu'on le croyait. 
J'ai retrouvé des choses, petites parfois mais bien présentes. Aussi présentes que ne l'est une main qui passe dans mon dos, ou une tête qui se laisse tomber sur mon épaule. 

jeudi 30 juillet 2009

Art Postal.

 Une carte postale est le point de départ de ce texte. Dommage que j'ai la flemme de la scanner... On envoie une carte postale sacrément kitsh, en ressort une "oeuvre".. En ce qui me concerne, c'est ce texte. 

 

 

 

C’est la fin d’une journée chaude, le soleil se couche mais me réchauffe encore. Je m’allonge, ma sueur sèche sous une brise pourtant suffocante. J’essaie d’être immobile. J’entends un bruit de machine dans mon dos et le bourdonnement des mouches. Elles me frôlent parfois. Peut-être qu’une des oies viendra m’attaquer. Je m’en moque.

Les oies sont figées sous mes yeux fermés. Une multitude de taches blanches sous ma rétine comme lorsqu’on regarde trop le soleil.

 

 Le « l ». « L » Quel numéro cela peut-il bien être ? Nous jouions souvent à ce jeu des plaques d’immatriculation avec mes frères lors des trop longs voyages en voiture. Je dois manquer d’entraînement.

Les couleurs changent tranquillement sous mes paupières. Du orange surtout, un peu de rouge, ou bien du rose qui se fonce progressivement. Tout va je pense continuer à s’assombrir. J’ai dessiné Emilie nue sans regarder ma feuille hier soir, et j’aimerais maintenant pouvoir continuer tout en profitant de ces couleurs qui n’existent que lorsque nos yeux sont fermés.

 

La lettre « l ». 50 ? 40 ? Je ne sais pas. Je m’en moque. La lettre elle. C’est le genre de jeu de mots qu’il aime. J’essaie de m’en moquer. Je digère lentement les silences et les bruits de la journée ; processus laborieux dans mon ventre, depuis ma gorge jusqu’au fond de mon bassin. Je digère les colères pour éviter de les vomir au visage de quelqu’un.

 

 

Je dors presque. Ma tête va bientôt se charger de mélanger toute cette journée pour fabriquer des rêves. Une bouillie informe d’où sortiront des choses que je ne parviendrais pas à m’expliquer. Je dors presque, mais l’odeur de l’herbe est encore partout dans mon nez, et j’entends toujours les bruissement des plumes.

 

Les caquetages des oiseaux se font de plus en plus lointains et il me semble entendre la voix de mon grand-père au milieu. Comme une clameur. Je n’entends pas très bien ce qu’il dit. Les taches blanches se fondent et se reforment sous mes paupières. Je ne sais plus vraiment de quel oiseau elles sont l’empreinte. Je vois encore des ailes, mais plus de plumes maintenant. Elles sont lisses et ne bougent plus. Je distingue tout de même l’endroit charnu qui accueille le couteau lorsqu’on tue ces oiseaux. Mais ici il n’y a pas de sang.

 

J’entends Grand-père, il est plus proche, mais que dit-il ? Il chante je crois. Ce sont ses lunettes noires que je vois. Pourtant je crois avoir vu des oiseaux un peu plus tôt…Il a la tête baissée, et il chantonne. J’entends la cuillère dans son café noir. Je ne reconnais plus vraiment les traits de son visage, je ne vois que ses lunettes noires. Le soleil se reflète dedans, et il fait briller son gros nez. Il remue un peu les épaules et la tête. Il danse sur place. Est-ce ses amis qui l’entourent ? Il y a d’autres hommes autour de lui. Ou bien sont-ce des empreintes de son corps éparpillées ?

 

Grand-père, parle plus fort, chante plus fort je t’entend mal ! Ta chanson ressemble au cris des oies du jardin, c’est bizarre . Tu te dédouble, tu t’étire, je ne sais pas, tu as trois visages, tu as trois paires de lunettes noires. Dommage que tu n’ai pas trois paires de bras pour me faire marcher sur tes pieds comme avant. Comment c’était le nom du département déjà ? Je n’ai pas ce genre de mémoire, ni pour les noms ni pour les visages. Quand une chose n’est plus devant mes yeux elle devient incertaine. Grand-père, je crois que je dors en fait, je n’en suis pas sûre.

Je m’en moque.